Incidence et sécurité de l’avortement dans deux contextes humanitaires en Ouganda et au Kenya : une étude d’échantillonnage menée auprès des répondants

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Contexte
L’accès à l’avortement est un droit humain fondamental. Le besoin de services d’avortement est amplifié dans les situations d’urgence humanitaire complexes. Cependant, la plupart des agences humanitaires ne proposent pas de services d’avortement. Les données sur les expériences directes d’avortement des personnes déplacées sont insuffisantes. Cette étude visait à décrire les pratiques, la sécurité et l’incidence de l’avortement dans deux contextes de réfugiés.

Méthodes
Entre mars et octobre 2022, nous avons interrogé 1 201 femmes et filles ayant récemment subi un avortement (au cours des cinq dernières années) dans le camp de réfugiés de Bidibidi, en Ouganda, et dans le camp de réfugiés de Kakuma, au Kenya, par échantillonnage piloté par les répondants (EDR). Les participantes ont rempli un questionnaire administré par un intervieweur. Les estimations populationnelles des expériences d’avortement ont été pondérées à l’aide de l’estimateur EDR-II afin de tenir compte du plan d’échantillonnage. Nous avons utilisé la méthode d’estimation de la taille de la population par échantillonnage séquentiel pour estimer l’incidence annuelle de l’avortement. Nous avons également mené une évaluation des établissements de santé de 27 établissements (16 à Bidibidi et 11 à Kakuma) afin de décrire la disponibilité des services d’avortement en établissement dans ces communautés.

Constatations

Parmi les femmes ayant avorté au cours des 5 dernières années, les méthodes d’avortement les plus courantes étaient les plantes médicinales traditionnelles (81 % à Bidibidi et 45 % à Kakuma) et les médicaments abortifs non médicamenteux, tels que les analgésiques et les antipaludiques. Peu de participantes ont déclaré avoir utilisé les méthodes d’avortement recommandées par l’OMS (mifépristone associée au misoprostol, misoprostol seul ou aspiration manuelle intra-utérine). La morbidité autodéclarée était élevée. Près d’un quart des participantes ont déclaré éviter de recourir aux soins post-avortement. Le taux annuel d’avortement estimé était de 52 pour 1 000 à Bidibidi (intervalle de simulation à 95 % : 20-106) et de 55 pour 1 000 à Kakuma (intervalle de simulation à 95 % : 19-119). Seuls 5 établissements de santé sur 27 (1 sur 16 à Bidibidi et 4 sur 11 à Kakuma) ont déclaré proposer des services d’avortement médicalisé. 15 sur 16 à Bidibidi et 9 sur 11 à Kakuma ont déclaré proposer des soins post-avortement.

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